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lundi 8 mars 2010

Alphonse Dupont : Sa vie , son oeuvre.

ALPHONSE DUPONT…Sa vie,son œuvre.


           Après avoir présidé pendant dix ans la Chambre de Commerce de l’Oise,le 24 février 1900 Alphonse Dupont s’éteignait à l’issue d’une courte maladie.Il était né le 4 mars 1819 d’une famille d’agriculteur.En 1845 il vint à Beauvais où il se maria avec Mlle Mercier, une beauvaisienne.D’abord il s’établit à Voisinlieu dans une petite usine hydraulique où il fit fabriquer des boutons d’os et de la tablerie.En 1848 il transportera sa fabrique à la Porte de Paris à Beauvais en y louant un ancien moulin.200 employés s’y activent.Et c’est en 1860 qu’avec son associé M.Deschamps qu’il acquit de grands terrains dans le faubourg Saint Jacques.Afin de pouvoir répondre aux agrandissements prévisibles et la connexion éventuelle au réseau ferré de la gare.Seront édifiés le logement patronal, la conciergerie,les écuries, les garages et les ateliers de fabrication.Débutera aussi la réalisation au raccordement ferroviaire. Deux chaudières cylindriques à vapeur de 16 ch. pour deux machines à vapeur jumelles à cylindres horizontaux faisant mouvoir des scies, des fraises et des tours sont implantées. En 1867, mise en place d’une 3e chaudière à vapeur de 16 ch.
               Il fallut dix ans pour acheter les petites parcelles existantes entre la rivière Le Thérain et la voie férrée.Pour niveler cette partie et éviter les inondations 50 000 mètres cubes de remblais furent nécessaires.
               En 1870 et 1871 Alphonse Dupont eut à lutter contre des difficultés inouïes,Beauvais se trouvant occupé par l’ennemi et comme isolé au milieu de la France.Les Allemands occupant les chemins de fer le charbon n’arrivait que par camions.Les commandes étaient proches de la nullité. Il y installera aussi ses ateliers de la fabrication de colle et de gélatine en 1873.
              Malgré cela l’usine ne s’arrêta pas.En 1875 il se sépara de M.Deschamps qui ouvrit une brosserie à Trie Château.De 1875 à 1880 il entreprit la construction de divers bâtiments annexes et relia la manufacture à la gare en raccordant la voie férrée.Une centrale de 600 chevaux remplace les deux machines à vapeur.En 1883 Emile son fils qui avait considérablement développé les ventes à l’exportation,devint second gérant sur proposition des actionnaires.450 employés sont en atelier et 1100 travaillent à domicile.A partir de janvier 1892 l’entreprise joigna l’industrie de la nacre à celle de l’os et du bois.Les effectifs augmentent toujours (970 en atelier et 1130 à domicile).
             Depuis 1855 la Maison Dupont prit part aux expositions universelles de Paris, Londres et à Philadelphie où elle obtint les plus hautes récompenses.Il y eut ensuite Anvers, Barcelone, Moscou, Chicago, Amsterdam et Bruxelles où Alphonse Dupont fut président de comités ou de jurys.
            En 1878, il fut nommé chevalier de la Légion d’Honneur puis Officier en 1893.
Il reçut même l’Ordre de la Rose au Brésil.A partir de 1894 il fit construire 26 maisons
jumelées avec jardins aux abords de l’usine.En cet fin de siècle Dupont est la première brosserie fine du monde.
                                                                   Bilan en 1899 :
            Sur 47 000 mètres carrés, 10 000 sont occupés par le corps principal et 10 000 autres par les annexes ou dépendances.Trois machines à vapeur développant 300 chevaux exigent 1 500 tonnes de houille annuellement.800 mètres de voies ferrées parcourent la cour avec deux ponts métalliques sur la rivière, 6 plaques tournantes et 2 bascules de 30 tonnes pour le pesage des wagons entrants et sortants.
Les bâtiments renferment des ateliers de toutes sortes :
1) Une section mécanique avec 15 étaux et 2 forges
2) Un atelier de menuiserie
3) Un de dégraissage
4) Un autre de teinture
5) Un pour le blanchiment par eau oxygénée
6) Un soufroir pour le blanchiment à l’acide sulfureux
7) Enfin un séchoir
              De plus 500 vitrines pendant les beaux jours pratiquent le blanchiment par l’action solaire et de l’ozone naturel.Dans le bâtiment principal on exécute le travail manuel et par l’intermédiaire de 600 machines, les sciages, les façonnages, les perçages, le ponçage et le vernissage des bois.La préparation des soies est également présente.
             La manufacture utilise annuellement 250 000 kilos de bois exotiques et 200 stères indigènes.
Parmi les essences on peut citer l’acajou,les buis d’Australie et de Turquie,les bois de citron des Indes et des Antilles,les ébènes de l’Inde,du Gabon et de Madagascar,l’érable moucheté,l’if,les oliviers méditerranéens,les palissandres du Mexique et du Brésil, les bois de corail ,d’iris,de perdrix,les bois de rose,de santal et de violette.
4 500 tonnes d’os (Amériques, Australie ou Angleterre) sont utilisés annuellement, ainsi que 200 tonnes de cornes pleines pour la fabrication des peignes, des chausse pieds, couverts à salade ou cornes à lanterne.
Une tonne d’ivoire est également nécessaire pour les produits luxueux et 600 tonnes de nacre.
(matières produites dans leur coquille par certains mollusques).Les nacres acéphales(franches,blanches,noires ou bâtardes)proviennent des pêches des Iles Célèbres et de la Sonde,d’Australie,des Philippines,du Japon,de Polynésie,d’Egypte,du Golfe Persique et du Mexique.
100 tonnes de soies de porc et de sanglier viennent d’Europe, de Chine ou des Indes.
On utilise également des poils de chèvre, des crins de cheval, des chiendents et autres fibres végétales.
Il existe à cette époque 2 144 modèles de brosses en os ,353 en buffle, corne et celluloïd, 450 en ivoire et 3292 en bois. La production de brosses de cette fin de siècle se mesurait à :
5 170 000 unités. En boutonnerie d’os elle émargeait à 6 000 000 et en nacre à 1 500 000 d’unités.
Pour la tablerie en os,18 000 000 de pièces sont produites.(touches de piano,jetons,fiches,loto,manches de couteaux et de porte plumes,coupe papiers,branches de mètres,double décimètres,rondelles de biberon et canules,anneaux,éventails,dominos,poignées de revolver,pelles à sel,cuillères à moutarde etc.…En nacre 9 000 000 pour les articles de bureaux,parapluies,ombrelles…
                En sous produits la société revend 1 000 tonnes de déchets d’os pour la colle et le noir animal, 500 tonnes de poudre d’os pour engrais et 120 tonnes de cornillons aux fabricants de colle (cornillons étant le prolongement osseux du crâne de certains ruminants servant de squelette aux cornes (Larousse).
L’établissement possède un bureau de vente à Paris ainsi qu’à Londres et New York. (96 personnes sur ces 3 sites)
Dont 6 « voyageurs » et 45 agents à l’étranger.
              A Beauvais 900 ouvriers ou ouvrières sont occupés ,300 dans 18 ateliers extérieurs et 1 800 travaillent à domicile.
              L’établissement entretient une crèche pour les enfants du personnel .La Société de Secours Mutuels permet des soins et des fournitures pharmaceutiques avec l’aide de deux médecins.
Elle pourvoit également aux versements de petites retraites aux plus âgés.
En 1894, la fanfare est composée par 58 musiciens et 12 pompiers forment la section.
Pendant les deux dernières années de son existence Alphonse Dupont malgré plusieurs opérations liées à la cataracte fut frappé de cécité.Il continua néanmoins son travail et ses voyages.
          C’est le 26 février qu’eurent lieu ses funérailles.Le service religieux se tenant à l’église Saint Etienne.Deux mille personnes assistèrent à la cérémonie.De mémoire aucun beauvaisien de l’époque n’avait souvenir d’un tel dernier hommage.
          M.Alavoine au nom de la Chambre de Commerce dans son discours trop long pour être rapporté ici insista sur le génie de l’organisation industrielle d’Alphonse Dupont, sur son savoir faire, sa générosité, son courage et l’intérêt qu’il portait à la personne humaine.
Des artistes renommés venaient aux concerts de musique plus attirés par l’accueil hospitalier de la grande maison du Faubourg Saint Jacques que par l’importance du cachet.Voilà la confirmation qu’Alphonse Dupont avait été le «géniteur génial » d’une Grande Dame qui aura 160 ans en 2005.
Nota :
Extraits d’une synthèse d’une notice bibliographique très longue et détaillée en 1900 par Victor Thuillier.
Secrétaire Archiviste de la Chambre de Commerce de l’Oise à Beauvais.
          Une rue porte le nom d’Alphonse Dupont à Beauvais.Jadis sur la moitié de sa longueur la Société avait construit des maisons qu’elle louait au personnel.Dans les années 50, elles furent revendues aux locataires désireux de l’acquisition.Celles du Faubourg St Jacques, autour de l’usine et le long de la voie ferrée, des maisons et immeubles avaient engendré le même procédé.
Après sa disparition :
            En 1900, installation d’une machine à vapeur demi-fixe avec chaudière à retour de flamme et à faisceaux tubulaires amovibles (détruite). Vers 1920, installation de trois chaudières tubulaires Babcok et Wilcoks datées 1898 et 1914 et d’une machine à vapeur horizontale Burton et Teliers, destinées à chauffer les ateliers de fabrication par la vapeur.
1849 : 10 ouvriers. 1883 : 450 ouvriers en ateliers, 1100 dans la région. 1915 : 970 ouvriers en atelier, 130 au dehors. 1939 : 623 ouvriers. 1995 : 400 ouvriers et 150 employés.
            Entre 1900 et 1907, construction d’ateliers de fabrication. Vers 1914, sont édifiés la salle des machines, la cheminée d’usine avec château d’eau intermédiaire et des logements de contremaîtres. En 1932, Dupont fusionne avec la Sté La Brosse. Après la Seconde Guerre mondiale, la société s’érige en groupe. En 1996, elle fête ses 150 ans. En 1998, la cheminée d’usine et l’ancienne chaufferie sont détruites. Les portes des chaudières et la machine à vapeur sont données à l' Ecomusée des Pays de l' Oise. Une nouvelle salle des machines est installée au nord du site pour la production d’électricité.
Extraits de : « La Brosse et Dupont à Beauvais - 160 ans d’histoire ».
Publiés en 2005. Auteur JMP.

Précision sur Charles Janet.
         Né à Paris le 15 juin 1849.Après son mariage il s’installe définitivement à Beauvais. Il y épouse Berthe Dupont (1877), fille d’ Alphonse Dupont le créateur de la brosserie.(1845).
         Ils auront sept enfants.Il fait parti de l’entreprise en tant qu’ingénieur (diplômé de l'Ecole des Arts et Manufactures de Paris). En 1895, il se joint au Conseil de surveillance de l’entreprise. En mai 1924 il devient pour peu de temps, président de la Société Jean Dupont et Cie.Actif à la Société Académique de l’Oise, dont il devint membre en 1880.
        Il dirigea et conçu les 26 maisons de la rue Alphonse Dupont à Beauvais construites à partir de 1896. Charles Janet, fut aussi vice-président de la Société beauvaisienne d’habitations qu’a créée Alphonse Dupont. Travaux qu’il exposera au Congrès international des Habitations ouvrières en 1897 à Bruxelles. Ces premiers logements sociaux permirent de loger des familles ouvrières de La Brosse et Dupont dans des conditions de salubrité rares à cette époque
         Il n’y a pas d’archives dites officielles sur la brosserie.